Danscette lettre à ses enfants, notre chroniqueur Laurent Alexandre livre quelques pistes de réflexion. À 55 ans, je suis un vieux con. J’ai donc peu de légitimité pour vous donner des conseils. Le futur dans lequel vous allez
Demême pour un livre présenté par Alexandre Adler dans; Le Nouveau Rapport de la CIA, Comment Sera le Monde de Demain, aux éditions Robert Laffont en 2009, qui avait décrit un scénario très près de celui présent. Et nous y sommes rendus. Un autre angle aussi de cette situation décrite par François de Siebenthal ainsi qu'Alexis Cossette Trudel et point de vue d'un
Le2 mai 2022, la direction de la Biblioth{\`e}que nationale de France a mis en place une nouvelle proc{\'e}dure de mise {\`a} disposition des documents qui, en privil{\'e}giant la r{\'e}servation et en restreignant les horaires de communication directe, les rend bien plus difficiles d{\textquoteright}acc{\`e}s.
cash. Auteure de roman policier Billet de blog 25 mars 2020 " En 2005, Alexandre Adler préfaçait... Le nouveau rapport de la CIA – Comment sera le monde demain »... Cette crise du Covid-19, les experts l’avaient prédite avec une précision saisissante. A. Adler revient sur ce rapport et se projette dans l’après-crise. Selon lui, cette épidémie sera un tournant pour l’avenir du monde et annonce de profondes transformations " Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus. Les articles les plus lus Journal — Allemagne l’adieu au pacifisme Journal — Brésil splendeurs et misères du Parti des travailleurs Recommandés par nos abonnées
Imaginer le monde de 2050 est un exercice plus difficile car c’est encore loin. Pourtant, en 2020, les jeunes ont réussi à exprimer leurs idées pour une société totalement repensée où la technologie se mêle à une économie plus traditionnelle. Des défis de taille En 2050, l’humanité devra faire face à un défi majeur vivre sur une planète très peuplée. En effet, l’ONU estime que nous pourrions être 9,8 milliards d’habitants sur Terre dans moins de 30 ans. Pour faire face à cette augmentation croissante de la population, il faudra apprendre à cohabiter ; éviter que les inégalités ne s’accentuent ; se partager les ressources ; s’adapter aux impacts du changement climatique sécheresses, fonte des glaces, inondations… ; faire face à de nouveaux enjeux sanitaires. Les jeunes interrogés sont conscients que les impacts négatifs de l’être humain sur l’environnement prendront du temps à s’effacer. C’est pourquoi ils veulent un changement de comportements immédiat. Vers une économie plus durable Une adaptation de nos modes de vie et de consommation est une des solutions imaginées pour faire face aux défis de 2050. Il faudra repenser l’économie pour la rendre plus durable, en privilégiant l’économie de proximité ; le retour au troc et aux échanges ; les circuits courts ; la relocalisation de certaines productions ; le travail social et utile aux autres. Lire la transcription détaillée de l’infographie Une économie plus durable, une mondialisation plus raisonnée » Toutes ces solutions envisagent de replacer l’humain au cœur des échanges et de l’économie. Un retour de la nature en ville Les jeunes se sont aussi questionnés sur l’habitat et ont imaginé comment sera la vie en ville en 2050. Selon eux, des espaces naturels devront être préservés et protégés afin de laisser les espèces animales et végétales les repeupler maintien de la biodiversité. Mais comment loger tout le monde si l’on n’étend pas les villes sur les campagnes ? Grâce à des villes à la verticale ! Les villes du futur seront densifiées et construites à la verticale. La nature y sera complètement intégrée avec des bâtiments végétalisés et des plantations sur les toits. La végétalisation de la ville répond aussi à une autre question comment nourrir ses habitants ? Avec l’agriculture urbaine, l’aquaponie ou encore les cultures hors sols, les citadins pourront produire leurs propres aliments. L’alimentation sera moins industrielle, plus naturelle et produite localement. Selon les jeunes, d’autres formes d’alimentation seraient possibles diminution de la consommation de viande ; une plus grande consommation de légumes ; des nouvelles sortes d’aliments farine d’insectes… Lire la transcription détaillée de l’infographie Urbanisation et retour à la nature » Des avancées technologiques au service du social Même si les jeunes envisagent un retour à l’agriculture traditionnelle, ils ne laissent pas de côté l’utilité des nouvelles technologies et imaginent un monde encore plus dépendant de ces outils. La robotisation permettrait d’accomplir de grandes choses, notamment dans le domaine médical. Au niveau éducatif, les nouvelles technologies permettront une transformation des méthodes d’apprentissage plus de pratique et moins de théorie ; des salles de classes plus connectées ; un apprentissage plus personnalisé. Pour les transports, les idées sont encore plus futuristes de plus en plus de transports hybrides ; des transports plus rapides et qui consommeront moins d’énergie ; moins d’avions en circulation dans le ciel ; moins de voitures en ville pour laisser plus d’espace aux vélos. Lire la transcription détaillée de l’infographie Des avancées technologiques au service d’une société plus sobre » Un futur qui donne du sens Toutes les idées proposées ont un point commun redonner du sens à nos sociétés et à nos échanges. Cela passe aussi par une meilleure connaissance du vivant apprendre à écouter la nature afin d’éveiller les consciences ; des autres se rattacher à une communauté et partager ensemble ; de soi par un développement personnel et spirituel plus important. Le lien entre le social et l’environnement doit être très fort afin de respecter la planète et ses habitants. Découvrir l’infographie reprenant toutes les idées des jeunes
Pourriez-vous d’abord nous recontextualiser la publication de ce rapport qui annonçait une épidémie mondiale et la façon dont vous avez été amené à le commenter ? Oui, je dois quelques explications à nos lecteurs sur ce rapport de la CIA qui me donne un peu le statut de prophète. [rires] Je rappelle d’abord que les rapports de la CIA étaient réguliers, ils avaient l’habitude d’y évoquer la situation géopolitique avec des questions comme La Russie va-t-elle rester dans une semi-démocratie ou va-t-elle connaître un épisode autoritaire ? Ou d’autres questions comme la Chine représente-t-elle une menace ? ». Des questions pour lesquelles j’avais une certaine compétence. Les éditions Robert Laffont me demandaient alors d’écrire des introductions où je prenais position sur ce que racontait la CIA. Cela intéressait beaucoup de monde, c’était une idée très intelligente de la CIA. Au lieu d’envoyer ce genre de rapport à quelques personnalités triées sur le volet, l’idée était de s’adresser à l’opinion publique et de la prendre à témoin, de se mettre au service du public. Que prédisait ce rapport ? Quel était le scenario ? Je l’avais moi-même oublié, mais le terme corona » apparaît dans ce texte écrit dès 2005. Corona » est un terme codé qui était utilisé par les épidémiologistes en Amérique pour nommer ce qu’ils considéraient comme la pandémie ultime. De pandémie en pandémie, nous allions avoir une pandémie qui allait véritablement s’étendre à la Terre entière. Pourquoi ? Et bien parce que la mondialisation avait atteint un stade très avancé. La CIA mettait en garde, et j’étais plutôt d’accord. J’étais assez critique, non pas de la mondialisation que je considérais comme un phénomène inévitable et qui comporte de nombreux éléments très positifs, mais elle avait aussi des éléments négatifs. Par exemple, et c’était ce à quoi la CIA était déjà sensible, le fait que les Etats-Unis, pour des raisons de coûts de court terme, s’étaient complètement mis à la disposition de la Chine qui fabriquait pratiquement tous les produits pharmaceutiques dont l’Amérique avait besoin. Le pays avait quasiment tiré un trait sur son industrie pharmaceutique, qu’il faisait faire à l’étranger. La CIA disait dans ce rapport que ce n’était pas très sage. Dans mes commentaires à l’époque, j’abondais dans ce sens parce que je savais que la France avait la tentation de le faire aussi. Elle l’a d’ailleurs fait malheureusement. Il fallait maintenir un certain nombre de productions stratégiques et de stocks nécessaires sur place. Dans ce rapport, les précisions sur le virus, sur son mode de propagation, sont saisissantes… apparition d’une nouvelle maladie respiratoire humaine virulente, extrêmement contagieuse », voyageurs présentant peu ou pas de symptômes » qui pourraient transporter le virus sur les autres continents ». Comment cela a-t-il été possible ? Parce que c’était déjà arrivé. Cela nous ramène aux livres de Tom Clancy qui lui aussi écrivait à partir de l’expertise de la CIA. Il racontait de manière effrayante une épidémie d’Ebola. Et effectivement, à l’époque, Ebola n’était pas du tout maîtrisé. Entre temps, les Instituts Pasteur et leurs équivalents ont trouvé le vaccin pour Ebola, ce qui est presque un miracle. Nous n’avons plus d’Ebola, mais nous avons cette maladie qui est à la fois effrayante parce que nous n’avons pas encore trouvé le vaccin mais beaucoup moins dangereuse du point de vue de la mortalité. Au moment de la sortie de ce rapport, quelles ont été les réactions internationales ? A-t-il été pris au sérieux par les autorités des différents pays ? Il n’y a eu aucune réaction ! Aucune ! Parce que c’était un rapport parmi d’autres. Et certainement pas en France. On n’a rien fait de particulier et c’est vrai de tous les pays européens. C’était chacun pour soi et tout le monde était tout à fait insouciant. Il y avait un sentiment, comme toujours quand on avance, où on pense que cela n’arrive qu’aux autres. Dans ce rapport, la suite envisagée fait froid dans le dos. Il évoque de nouveaux cas de coronavirus qui apparaitraient par vague, très régulièrement et qui finiraient par tuer des millions de personnes… Quel crédit peut-on accorder à cette théorie ? Je pense que la CIA a voulu provoquer un choc émotionnel à ses lecteurs. Leur disant, si vous ne faites rien, ces drames viendront et ne viendront pas une fois mais à plusieurs reprises. C’est parfaitement possible, sauf que maintenant que nous avons connu cette période de pandémie mondiale avec la première conjoncture mondiale qui affecte la totalité de la Terre, cela peut changer la donne. C’est quand même renversant de penser que nous sommes tous, au même moment, au même endroit, arrêtés. Et là je pense aux mots de mon maître Louis Althusser ndlr philosophe qui avait lu cela chez Hegel, le philosophe allemand l’humanité avance toujours, mais toujours par sa négativité. » C’est-à -dire que c’est toujours par un phénomène négatif que des phénomènes par ailleurs massivement positifs arrivent, comme le fait que l’humanité est Une et que maintenant nous sommes tous dans le même bateau. Et bien pour y arriver, nous sommes passés par cette pandémie. Comment trouvez-vous l’organisation du monde face à cette crise ? De nombreux Etats ont fermé leurs frontières… Les économies se referment sur elles-mêmes… L’heure est-elle au repli ? Cette crise sonne-t-elle le glas de la mondialisation ? Pas du tout ! Les gens voient à quel point le repli, indispensable en ce moment pour prévenir l’épidémie, est grave pour les sociétés et pour les économies. Les gens sont certes préservés des pires fléaux, mais ils sont pauvres ! Ils sont appauvris comme nous le sommes aujourd’hui dans toute l’économie française par ces mesures de containment » ndlr endiguement qui sont nécessaires. Toutes les entreprises qui font faillite ou toutes celles qui ont des dettes épouvantables, le voient bien aujourd’hui. Donc on comprend comment le protectionnisme, les circuits courts, etc… Ce sont surtout les cerveaux courts, les circuits courts ! Toute la classe politique française, jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, nous annonce un Après… Différent sur le plan idéologique, économique, social… Vous croyez à une révolution ? Un tournant ? Cela vous semble-t-il possible ? Oui je le crois. Nous sommes sur une pente ascendante. Je le sens. Pendant la guerre, on a vu tant de Français et de braves gens qui sans mot d’ordre d’organisations de résistance, encore à peine développées, ont eu les bons gestes. Cacher des juifs, cacher des résistants, cacher le ravitaillement que les Allemands pillaient de façon éhontée… Tout cela, ce sont des gestes de survie de la société qui ont fait une autre société en 1945. Nous avons eu une société beaucoup plus fraternelle et beaucoup plus courageuse dans laquelle des gens jeunes ont remplacé des gens trop âgés et qui ont insufflé ce qu’on a appelé Les Trente Glorieuses ». Ce genre de phénomène, nous l’avons déjà connu. Et dramatiquement, puisqu’il s’agissait là d’une tragédie sans précédent. Vous imaginez le choc qu’a été 1940, pour une France qui se pensait encore comme une grande puissance mondiale. Et du jour au lendemain, cette chute ! Puis cette remontée avec le Général de Gaulle. Il n’y a pas de De Gaulle en France aujourd’hui même si je trouve que notre Président Macron se débrouille avec beaucoup de courage et beaucoup de sang-froid dans une situation très difficile. Et d’ailleurs les sondages le prouvent. Les Français se disent heureusement qu’il est là quand même ! ». Un certain nombre de querelles sont en train de s’éteindre et elles ne reviendront plus. Cette période de profonde amertume que vous voyez à travers le monde est en train d’être dépassée. Quelles pourraient être les conséquences de cette crise mondiale sur le plan politique et géopolitique ? Imaginez-vous une montée en puissance de leaders populistes ? D’Etats totalitaires ? Vers qui, vers quoi les peuples auront-ils envie de se tourner ? Ils vont se tourner vers des hommes politiques rationnels qui n’ont pas raconté n’importe quoi, qui n’ont pas sombré dans l’hystérie, qui ne sont pas roulés par terre devant le public. Ils vont se tourner vers des hommes politiques, qui tout en étant des gens raisonnables, sont aussi des gens qui savent faire preuve d’autorité. L’autorité, ce n’est pas la dictature et c’est exactement ce qu’on souhaite aujourd’hui. On a bien vu aux Etats-Unis comment Franklin Roosevelt - dont les réactions n’étaient pas toutes très bonnes et qui n’était pas un homme exemplaire - a maintenu les Etats-Unis dans une démocratie où les élections se sont tenues, où la liberté d’expression n’était pas étouffée alors qu’il a mené la guerre la plus importante de toute l’histoire américaine et qu’il l’a gagnée. Cet exemple qui est aussi celui de Winston Churchill en Grande-Bretagne, c’est la preuve que les démocraties sont capables dans des circonstances exceptionnelles de faire les sacrifices et de manifester une certaine forme d’autorité sans sacrifier les libertés fondamentales. Nous sommes dans un monde pluraliste, un monde qui n’est pas encore unifié par une démocratie unique et généralisée, mais qui va dans le bon sens, c’est évident ! Vous ne voyez pas dans cette crise du Covd-19 un risque de déstabilisation géopolitique et celui d’une multiplication de conflits armés ? Non, au contraire, je vois l’inverse. Je vois par exemple que devant la difficulté que traverse le Moyen-Orient, nous avons une coopération, évidemment forcée et évidemment grommeleuse, mais qui naît aujourd’hui les Israéliens et les Palestiniens par exemple, parce qu’ils sont exactement dans le même bateau, que la maladie est la même. Il y a autant d’Israéliens qui voyagent aux Etats-Unis ou en Inde ou ailleurs qu’il y a de Palestiniens qui sont en contact avec des Libanais, et avec des Syriens ou des Iraniens, mais le résultat est le même, la maladie est dans tout Israël, et Israël est dans le confinement comme tout le monde, et ils sont en train de trouver une voie d’union nationale et un compromis. A la lueur de ce que vous savez, de ce que vous observez, et pour terminer cette interview comme on l’a commencée, c’est-à -dire sur de la prospective comment imaginez-vous le monde en 2040 ? Je pense que d’ici 2040, nous allons vers des transformations énormes. Hitler qui était très superstitieux croyait au Reich de mille ans, parce qu’un certain nombre de voyants lui avaient dit qu’après cette grande épreuve qu’est la guerre, il mènerait un monde millénaire et ce serait la grande époque de l’Allemagne. En fait l’Allemagne a explosé à la suite de ses folies et nous n’avons pas eu ce monde millénaire. Mais en même temps, ce qui est vrai, c’est qu’au lendemain de ces épreuves terribles auxquelles nous sommes confrontées, se préparait quelque chose d’autre. Et ce quelque chose d’autre » est là maintenant. Nous sommes dans un monde qui va se libérer des hydrocarbures, qui va trouver des moyens de produire beaucoup plus proprement, qui a compris que la nature ne nous appartient pas… Bref ! Nous sommes dans un monde qui est en train de prendre connaissance d’un certain nombre de nos folies et notre grande folie, on la connaît depuis toujours, c’est la folie Prométhéenne celle qui a donné le feu aux Hommes, c’est bien ! Même de nous donner l’atome, c’était pas mal ! Mais avec des dangers très grands ! Ces dangers, nous en sommes enfin conscients, c’est cela qui se passe à l’échelle mondiale. Public Senat 24/03/2020
alexandre adler comment sera le monde de demain